NOTE FUNÈBRE

Roland Goffin (†) et John Deyme de Villedieu (†)
Avec une douleur profonde nous avons reçu les nouvelles de la disparition le 10 novembre 2007 de John Deyme de Villedieu, et celle de Roland Goffin le 10 décembre suivant, collaborateur et directeur, respectivement, de la revue française VERS LA TRADITION, et aux deux et aussi à leur travail nous voulons consacrer quelques mots comme un concis mais senti hommage envers ceux qui, entre d’autres raisons, nous avons eu l’honneur de recevoir aux pages de SYMBOLOS, en commençant par le deuxième dû à ce que nous expliquerons de la collaboration entre les deux revues, cadre de notre relation mutuelle. 


ROLAND GOFFIN

Roland Goffin a été le fondateur et directeur de VLT, qui apparaît trimestriellement dès 1982, ce qui signifie 25 ans de travail ininterrompu d’édition1 dans la « revue qui parmi celles écrites en une langue autre que la castillane, est la plus sérieuse entre les inspirées par l’œuvre de René Guénon » – comme nous disions en présentant en 2001 son texte « Tradition Primordiale et Traditions » sur notre site en castillan « Antología de Textos Herméticos ».

« Répandre la lumière et rassembler ce qui est épars » est la devise de VERS LA TRADITION, et le travail du maître maçon, ou tout simplement du maître, c’est à dire celui du « centre », et dans cet « rassembler ce qui est épars » il est inclus l’abandon de tout ce qui est une gêne pour la réalisation du Soi, qu’il soit la « possession » d’une forme traditionnelle, c’est-à-dire dans le fond l’ignorance du symbole, ou beaucoup plus encore l’obstacle infranchissable de la réduction du sacré à la religion personnalisée, avec lequel a eu à lutter M. Roland Goffin en même temps que sous sa direction la revue est restée toujours ouverte à la manifestation des idées universelles sous n’importe laquelle de ses formes (du Taoïsme aux Sciences sacrées en passant pour l’arc de l’ésotérisme abrahamique) : puisque cela est l’expression de la Tradition.

Ouvrir des voies et offrir la possibilité est ce qu’a réalisé avec générosité, patience et fermeté le Directeur de VERS LA TRADITION et président de l’Association des amis de V.L.T. laquelle a organisé jusqu’à ce jour diverses colloques internationales, de 1986 à 2006, dont les actes ont été publiés par la revue, qui est aussi son organe de liaison et d’expression écrite. Trois de ces numéros spéciaux ont été commentés plus amplement dans SYMBOLOS, depuis l’effectué pour la commémoration de la naissance de René Guénon, jusqu’au Nº spécial consacré au cinquantième anniversaire de son décès (voir les urls cités dans la note 1).

M. Roland Goffin affirme dans le Liminaire du Nº du cinquantième, à l’égard de René Guénon, que : « il n’est pas une seule livraison de cette revue [VLT] qui n’ait témoigné par la nature même des textes publiés de sa dette intellectuelle contractée à son égard dans une totale reconnaissance. »

C’est sous cette lumière et sous celle du symbole même qui a eu lieu notre collaboration mutuelle, dont nous voulons détacher les articles que précisément écrivaient, à l’invitation du directeur de SYMBOLOS, M. Roland Goffin et M. John Deyme de Villedieu pour le premier monographique que nous consacrons en 1995 à notre commun guide intellectuel (respectivement : « Pour nous, René Guénon… » et « Denys Roman, guénonien et maçon »).2

De sa part, et à l’invitation de M. Roland Goffin, le directeur de SYMBOLOS, M. Federico González, rédigerait : « Bref sur la confusion entre l’œuvre de Guénon et celle de Schuon » pour VLT Nº 74 (Décembre 1998 - Février 99, « À propos de Frithjof Schuon ») et « Guénon dans le cœur » pour le Nº spécial commémoratif de la disparition du grand métaphysicien français (Nº 83-84, Mars-Juin 2001, « Pour nous, René Guénon 1886-1951. Hommage pour lui cinquantième anniversaire d’un son retour à Dieu. Ce que nous lui devons »).3

Pendant ce temps, VLT publiait dans son Nº 71 (Mars - Mai 1998) l’étude de Francisco Ariza « Aspects symboliques de quelques rituels maçonniques opératifs » en remarquant que sa version française était effectuée « dans le cadre d’un accord permanent d’échanges rédactionnels entre nos revues respectives » 4, traduction qui comme les deux précédentes découlait de la main de M. John Deyme de Villedieu, qui écrivait à son tour les notes de lecture sur SYMBOLOS que Roland Goffin a voulu inclure dans VERS LA TRADITION, et qu’ici nous lui remercions à nouveau. Et il fut aussi dans ce cadre que, quand SYMBOLOS a célébré en 2000 son Xe anniversaire, nous avons reçu dans notre rédaction les textes de : André Bachelet (« L’‘Arche Vivante des Symboles’ : Franc-Maçonnerie et Fin de Cycle ») et de John Deyme de Villedieu (« La Descente Cyclique ») aujourd’hui présentes en castillan à la page « Fin de Ciclo. Estudios de Ciclología ».

Peut-être nous devons signaler que M. Roland Goffin a souffert pendant des années d’une maladie oculaire ce qui a évidemment dû lui compliquer le fait d’écrire, pour que tout de suite nous pouvons dire que cela, jusqu’à où nous avons traité avec lui, ne lui a volé jamais sa cordialité ni son enthousiasme. Et, a l’attente de l’hommage dû qui sans doute lui sera rendu dans le proche Nº de VERS LA TRADITION, nous élevons avec les Amis de V.L.T. une prière par son âme recueillie en sein du Père.

On nous reprochera que nous considérons à qui, avec l’aide de ses collaborateurs, a conduit la revue qu’il a fondée en la maintenant ouverte vers le Haut, en ouvrant des portes à la Science Sacrée, et défendu sa navire des intrigues et attaques des ennemis de l’œuvre de R. Guénon, un authentique « Gardien de Terre Sainte », selon les termes du grand métaphysicien de Blois ?

JOHN DEYME DE VILLEDIEU

Avec une grande peine nous nous faisons l’écho de la disparition de John Deyme de Villedieu, décédé exactement un mois avant que Roland Goffin. Il n’a pas seulement été le traducteur au français de les collaborations de SYMBOLOS publiés dans VERS LA TRADITION et l’auteur des comptes-rendus de notre revue apparues là, mais nous avons eu le goût et l’honneur de recevoir ses écrits à nos pages, en commençant par son apport au premier monographique consacré à René Guénon en 1995 (« Denys Roman, guénonien et maçon ») en traitant de cet collaborateur du métaphysicien français qui est probablement le plus en rapport avec l’hermétisme et l’hermétisme chrétien. Comme on peut le remarquer le long des interventions de M. John Deyme de Villedieu dans les distincts Nºs de VLT, le sujet des cycles de l’humanité était clairement de son intérêt, et quand on allait accomplir le Xe anniversaire de SYMBOLOS, en répondant à l’invitation de notre revue il nous a surpris en nous ayant envoyé « La Descente Cyclique », un texte qu’apparaîtrait dans deux parties dans les volumes 19-20 : « Fin de Ciclo III » (2000), et 21-22 : « Ciclología : Fin de Ciclo IV » (2001), puisqu’il est constitué par 5 chapitres qui sont les premiers d’un livre complet mais toujours impublié.5

Et voilà que soudain nous sommes assaillis par la perspective de ce que, ainsi que Roland Goffin effectuait l’appel à une Tradition Primordiale, c’est-à-dire à l’essence ou cœur de la Tradition dans n’importe quel point du temps et l’espace,6 John Deyme de Villedieu étendait une carte cyclique en évoquant un temps précédent à celui de cet monde plongé dans une décomposition là radiographiée, en pointant à une réalité première de laquelle notre temps et notre espace est parfois un reflet direct et parfois inversé qui sur la bande du temps marche à sa dissolution inévitable pour faire place à un monde et à un homme nouveaux. Tout lequel : est-ce que ce ne sont pas des ouvertures à la Cité Céleste ? Dans le cas présent, le nom symbolique de celui qui a signé ces écrits-là, le souligne.

Nous n’avons pas personnellement connu M. John Deyme de Villedieu, mais nous avons pu le connaître à travers de son œuvre et de la correspondance maintenue avec SYMBOLOS, où notre ami nous a donné l’image d’un vrai gentleman au milieu de ce monde moderne horrible. Quelque chose de rare dans tout sens. Son œuvre publiée dans VLT, et particulièrement, ses travaux récents sur la Déesse nous ont frappé aux dernières années, et lui ayant demandé une autorisation nous les publions sur ce site, où se trouve déjà la première partie et bientôt nous placerons la deuxième.

Que ceci soit un senti hommage pour sa mémoire au même temps que nous unissons notre douleur à celui de ses parents et amis.

Le Directeur et collaborateurs
de SYMBOLOS

NOTES
1 De ce travail nos lecteurs pourront se faire une idée plus exacte en visitant les sommaires et les commentaires publiés dans SYMBOLOS et aujourd’hui réunis et synthétisés dans l’ouvrage Ésotérisme XXIe siècle. Autour de René Guénon, chapitres VII : « Sur René Guénon » et   IX : « Franc-Maçonnerie ». Il faut ajouter les publiés par la suite dans le Nº 27-28 ( en castillan).
2 Les textes de cette collaboration peuvent être lus sur le site castillan de notre revue, dans la section « Sobre René Guénon », « Homenaje del N° 21-22 de SYMBOLOS (2001) en el cincuentenario de su muerte ».
3 Les deux articles cités sont reproduits ici en tête de la section « Articles parus dans des publications françaises ».
4 C’était dans ce cadre que SYMBOLOS a traduit sur son site « Antología de Textos Herméticos », en plus de l’article déjà cité de Roland Goffin, les textes signés par Jonas, Umar, Nikos Vardhikas, Dhyâna et Edouard Rivet. Et dans la section « Estudios y Artículos Generales » de la revue castillane : « Entrevista con Khaled Bentounes, Sheikh de la tariqah alawyya » de Roland Goffin, et « En torno a la Palabra Perdida de los maestros masones » d’André Bachelet; la revue a aussi publié des notes de Charles-André Gillis et de Nikos Vardhikas qui se trouvent aujourd’hui également dans la section « Sobre René Guénon ». En 1993 notre revue avait publié dans son Nš 5, avec l'autorisation de R. Goffin, le travail communautaire anonyme « À propos de la Maçonnerie ».
5 Il est préalablement apparu, du même auteur, dans le Nº 15-16 (« Fin de Ciclo I », 1998), « Les Tchandalas ». « La Descente Cyclique » se trouve, divisé en 7 parties, sur notre site « Fin de Ciclo, Estudios de Ciclología », section « Estudios publicados ».
6

Et au modèle ou à l’idée d’une « cité traditionnelle », évoqué par lui dans plusieurs des colloques et Nºs spéciaux publiés par VLT.

   
Retour à la page d'accueil