CHAPITRE VIII
LES DEUX MOITIÉS DU MODÈLE COSMIQUE

   Il se pourrait que la force de la gravité et ses lois ne soient pas seulement des principes applicables à la « matière », sinon quelque chose de plus universel, archétypal, lié à toute forme d’attraction sur différents niveaux expressifs. Ceci si l’on compte sur la similitude de deux entités qui s’attirent en se complétant et qui doivent toujours s’opposer pour que cette conjonction se réalise. Le rite et la magie connaissent ce principe, qui constitue la raison même de leur existence en tant que tels1. Les lois de l’analogie impliquent plusieurs plans où les transpositions pourront s’effectuer, et incluent l’attraction et le rejet, la reconnaissance de ce que mutuel signifie vraiment, tenant pour acquis que cette similitude entre plan et plan –qui coexistent simultanément– est une condition préalable à tout rituel ou analogie. D’autre part, ce type d’énergie se retrouve explicitement dans la tradition hindoue, lorsque celle-ci fait référence aux trois gunas : sattwa, rajas et tamas. En effet, si sattwa se rattache à une énergie verticale ascendante, tamas se trouve à l’autre extrême de cette verticalité et manifeste l’énergie descendante. Il va de soi qu’il existe un complément entre les deux, puisqu’elles ne pourraient exister l’une sans l’autre et qu’elles coexistent, symbolisant l’évolution et l’involution et en générant une troisième, appelée rajas, qui permet l’expansion et le développement du plan horizontal et successif. Logiquement, en chacune de ces « forces » les deux autres doivent être présentes, en tant que parties constituantes. Ce qui fait qu’elles forment un ensemble interdépendant, dans lequel une seule et même énergie se polarise en se dédoublant, constituant un axe vertical sur lequel des forces montent et descendent, s’équilibrant en un point médian ou centre, qui génère un plan horizontal de déplacement de cette énergie jusqu’à ses propres limites, c’est-à-dire directement proportionnel au jeu de sattwa et de tamas, à celui de l’évolution et involution de tout être, que ce soit un homme, une civilisation ou un monde. Si nous le transcrivons sur le plan, nous obtiendrons un axe vertical et un autre horizontal –où l’énergie de sattwa et de tamas est reflétée– qui le traverse en son milieu, formant la figure universellement traditionnelle de la croix. Cette représentation, souvent circonscrite par une circonférence qui la complète et l’éclaircit2, n’est autre que la symbolisation du quaternaire et du cycle –avec tout ce que cela implique, comme nous l’avons vu tout au long de ces textes– et constitue une synthèse parfaite de la pensée3, où la notion de totalité et de simultanéité de l’espace et du temps, par rapport aux « éléments » constitutifs de la création, se manifeste en une seule fois et se perçoit d’un coup d’œil, grâce à l’équilibre du jeu harmonique des tensions qui y sont impliquées –comme en toutes choses– ; ce qui revient à dire : à la coexistence de sattwa, rajas et tamas, que la croix symbolise aussi4. Sans chute, il n’y a pas de rédemption, et il est évident que sans tamas, sattwa n’aurait pas sa place dans la conscience, donc dans notre monde. Et au lieu d’accorder à ces énergies une valeur se référant à leur caractéristique bonne ou mauvaise –opérant l’illusoire exclusion de l’une au bénéfice de l’autre–, nous ferions bien d’essayer de les comprendre à la lumière réciproque qu’elles émettent simultanément, et qui nous permet de les différencier, comme nous pourrons par la suite les distinguer de rajas, leur reflet générateur expansif. Tamas est aussi une forme de la déité, et son énergie est donc sacrée. C’est en appréhendant cette réalité en tant que composante de l’être universel présent en toute la création –à laquelle il donne précisément lieu–, que l’individu peut avoir connaissance de sa contrepartie, de la possibilité de son opposé, c’est-à-dire de la réalité également valable de sattwa, qui est en outre une énergie immanente de tamas, tout comme cette dernière est comprise en sattwa, et toutes deux ensemble dans rajas, dans les mêmes proportions, fondant le cosmos dans leur expansion horizontale. Il faudrait ajouter que l’équilibre constant et précaire de ces alternatives à des périodes déterminées du temps historique fait prédominer successivement l’une ou l’autre au nom de la proportion de l’ensemble. En cet instant du cycle, l’énergie gravitationnelle, c’est-à-dire l’attraction vers la descente –suivie d’une opacification et densification progressives– est celle qui a la primauté sur les autres. Pour cette raison, cette énergie est forte et dominante, et prend également un intérêt particulier puisqu’elle rend aussi les autres explicites –de façon voilée– : et plus spécialement son opposée et complémentaire sattwa, qui peut alors apparaître comme « salvatrice » grâce à tamas avec laquelle elle s’enchaîne naturellement, puisque toutes deux sont une seule et même énergie polarisée avec des signes opposés, inversées l’une par rapport à l’autre.

    Cela est également valable pour les deux moitiés d’un cercle, d’une roue ou d’une sphère. La moitié supérieure symbolise le ciel et l’inférieure signifie la terre. Au beau milieu des deux, comme un axe vertical, l’on trouve l’homme5, à qui est échu un rôle de médiateur, d’intermédiaire dans la création, qui va bien au-delà de ce qu’il s’imagine vulgairement, puisque son rôle ou fonction –si l’on peut l’appeler ainsi– est le point indispensable de l’œuvre de la création, que lui-même achève et couronne en « arrondissant » son sens unitaire et en établissant un foyer d’union –l’équilibre d’un axe statique dans un monde en constant mouvement et fuite– dans le perpétuel devenir des choses et des formes, remplissant une fonction ré-unificatrice dans divers plans ou mondes.

    Cette caractéristique essentielle de l’homme est aujourd’hui niée de la façon la plus barbare, non seulement par le scientisme, mais aussi par de nombreuses pseudo-religions. Ces religions, en effet, telles qu’elles apparaissent aujourd’hui à leur crépuscule, la nient ou bien l’ignorent6. Parce qu’elles font des absolus de normes relatives, des fins de moyens, et surtout, qu’elles ont omis ou éliminé le « mal » de leurs cosmologies. Elles nous offrent ainsi une lecture mutilée de la réalité et, par conséquent, de nous-mêmes. Cette terrible limitation, qui pourrait sembler puérile si elle n’était marquée à feu et à sang par la haine du fanatisme sectaire, n’est autre qu’ignorance pure et simple, d’autant plus étrange et évidente qu’elle se rencontre chez des gens que l’on suppose cultivés, voire chez des ministres et des prêtres de ces religions, censément spécialistes de ces questions, dont la connaissance du sacré serait ainsi établie avec certaines réserves.

    Il est donc lamentable que la vérité et la vie ne puissent être révélées par ces personnes –qui le désirent peut-être sincèrement–, pour le simple fait qu’elles ne le permettent pas, en raison de leurs conditionnements et préjugés, ou parce qu’elles sont trop occupées –dans le meilleur des cas– à suivre leur imagination omnipotente ou leurs rêveries « mystiques », ou à transporter sèchement leurs orthodoxies dogmatiques présumées, ou à se sentir pieux et gratifiés par leur « bonté ». Le plus grave est que ces professionnels se voient dans l’obligation de nous imposer une idée « véritable » de la déité (généralement liée à la « sensiblerie » ou à « l’humanitarisme »), anthropomorphe à coup sûr, ce qui représente une évidente limitation pour la connaissance de ce qui n’est pas humain ni ne possède de forme. Nous pensons donc que leur perception de la connaissance est tellement confuse et déformée que, du point de vue de la majesté de cette connaissance, elle équivaut à une négation. Avec la double circonstance aggravante de vouloir forcément cette abondante ignorance, l’utilisant de plus comme un facteur de pouvoir appliqué à des fins mineures, presque toujours personnelles. Ces « autorités » nous ont donné une image erronée de ce que la tradition décrit unanimement comme quelque chose ressemblant davantage au non-être qu’à l’être. Expérience qui exclut toute possibilité de connaissance calculable et qui n’a rien à voir (du moins directement) avec la piété, la santé, la chance, le bonheur et la réalisation personnelle. Et si, avec l’acceptation, la reconnaissance de ce qui a toujours été, la palpable réalité du mystère, la fraîcheur innocente du flot interne, ou « l’ingénuité » virginale de l’enfant ou du fou, qui, bien comprises et bien vécues, constituent les fruits de l’arbre de vie –toujours présent– devant lesquels toute promesse ou découverte phénoménale, « dogme orthodoxe » ou « connaissance secrète », apparaissent absurdes et risibles, car la réalité pure –que d’aucuns ont tenté d’exprimer comme un vide ou un néant, précisant qu’il ne s’agissait pas exactement de cela– s’impose d’elle-même, comme une unité, un vécu dans lequel les humains sont compris et dont ils représentent les plus parfaites possibilités d’expression et de révélation. L’on nous dira que cette opacification du diaphane originel, perceptible dans la science et dans les religions –et qui donne lieu précisément au scientisme et aux pseudo-religions–, est « tamasique » ou gravitationnel et que nous le devons à la nature du cycle. Ce à quoi nous répondrons par l’affirmative. En ajoutant en outre que c’est grâce à cette caractéristique que nous pourrons peut-être faire l’expérience de l’énergie de sattwa, puisque, comme nous l’avons vu, la déité se manifeste aussi en termes négatifs : tout comme le fait, d’un point de vue inverse et analogue, la théologie dite « négative ».

    En ce qui concerne l’aspect personnel, chaque homme et chaque institution ont, à coup sûr, une fin et un destin, c’est-à-dire une fonction et une mission, même s’ils ne les connaissent pas eux-mêmes ou qu’elles soient le contraire de ce qu’ils prétendent. Nous croyons que juger représente une erreur parfaitement signalée dans plusieurs traditions. D’autre part, le dicton populaire qui dit « nul ne sait pour qui il travaille » peut définitivement être appliqué à soi-même. La phrase in omnia caritate, exprime clairement ce que nous sommes nombreux à penser à ce sujet. L’enseignement évangélique de « aime tes ennemis » doit être tout particulièrement souligné, car il est possible, entre autres choses, que nous puissions grâce à cela reconnaître la vérité dans ce qui reste du cycle. Ou autrement dit : nous pouvons nous préparer à connaître à fond la pesante énergie de la densité pour nous permettre la légèreté du subtil, de ce qui a toujours été sans effort.

    Or, si l’on nous demande s’il existe une différence entre les deux portions qui divisent un cercle ou d’une sphère –ou le mouvement ascendant de l’aller (nord-sud, minuit-midi), ou le descendant du retour (sud-nord, midi-minuit), de la roue cosmique–, nous donnerons la même réponse affirmative, rappelant que c’est de la polarisation, du binaire, que naît toute différence, synthétisée dans la première distinction ; celle qui fait que les choses actives ou passives prennent le nom de ciel ou terre. Cette dualité, exprimée à travers les énergies appelées sattwa et tamas, qui génèrent simultanément rajas à perpétuité, constituent une trinité de principes (assimilables à ciel, terre et homme) qui, par leur manifestation sur le plan horizontal ou de la création, forment et limitent le cosmos, c’est-à-dire toutes choses. Le quaternaire, symbolisé par la croix, nous enseigne que la même opposition entre l’énergie ascendante et la descendante, s’est transférée sur le plan de conjonction, horizontal, de la création, où elles s’opposent aussi de façon analogue –car elles en sont devenues des composantes– dans cette figure qui symbolise la totalité du créé ou du limité, où elles s’affrontent à présent deux à deux, générant et équilibrant la manifestation tout entière qui reste marquée de leur sceau, reproduit indéfiniment. Si nous portons la représentation plane au spatial, le quaternaire symbolisé par une croix deviendra une croix volumétrique. Et celui qui est symbolisé par un carré se transformera en cube. Dans les deux cas, nous n’avons rien fait de plus que d’ajouter une dimension au modèle qui symbolise le cosmos, le complétant et donnant lieu aux indéfinies variables qui peuvent le constituer et qui se réfèrent toujours à une trinité de principes –spatiaux dans le cas qui nous occupe : longueur, largeur et profondeur– qui forment l’univers entier en se manifestant7. Ce qui nous intéresse pour l’instant, c’est de signaler que, le plan horizontal une fois créé et défini de façon quaternaire par l’action d’une trinité de principes, il s’y ajoute, créant un septénaire, qui –comme nous l’avons déjà indiqué dans ces textes– est le concept numéral qui fait référence à la totalité de la création, symbolisé dans l’espace par le cube et sur le plan par le sceau de Salomon, constitué, on le sait, de deux triangles inversés.

    Revenant à cette première différenciation ou polarisation –qui fait que les choses évoluent et aient un nom–, nous dirons que dans le cas de la division horizontale en deux moitiés de la sphère, la roue ou le cercle, l’une de ces moitiés est élevée ou ascendante, et correspond à minuit ou au ciel, tandis que la seconde, son opposée, indiquerait le contraire : le bas, la descente, le midi, la terre. L’on voit dans cette conception que le ciel, comme le lieu le plus élevé, comme summum de la verticalité, est plutôt associé à des notions d’obscurité, tandis que celles de la pleine lumière correspondent à la terre8. Cette obscurité est davantage en accord avec le non manifesté qu’avec le manifesté, avec l’invisible plutôt que le visible, avec l’inconnu plutôt que le connu, avec le secret plus qu’avec la divulgation. Mais ne serait-il pas licite de se demander au nom de quoi peut-on affirmer la suprématie du ciel sur la terre, du haut sur le bas, de l’évolutif sur l’involutif, si nous voyons que ces énergies sont complémentaires ? Nous dirons seulement que plusieurs traditions ont désigné l’étoile polaire –située au Nord– comme étant l’issue symbolique vers le supracosmique. Cette notion comprend non seulement la possibilité de différenciation entre le haut et le bas –octroyant la suprématie au plus élevé–, mais aussi que cette même hiérarchie est fondée sur l’existence d’autres plans, mondes ou niveaux, par rapport auxquels les critères comparatifs sont créés et considérés, ainsi que les qualifications de haut et de bas. Traditionnellement, l’on a toujours attribué au ciel l’énergie active, et la passive à la terre. Si nous considérons que les énergies sont opposées deux à deux dans la manifestation, il nous est facile d’observer que dans toute énergie positive l’on peut trouver son contraire, la négative, tout comme toute énergie passive comprend une composante active, à laquelle elle s’oppose pour être ce qu’elle est : c’est-à-dire elle-même. Et comme tout yin a son yang, et que ce modèle se manifeste indéfiniment, il nous faut conclure que cet hélicoïde, cette spirale évolutive et involutive d’énergies, qui forme le symbole chinois –et qui s’étend à la synthèse de la croix aux bras horizontaux, exprimé sous forme simultanée avec l’axe–, ne peut absolument pas être appréhendé. En tout cas, pas de la façon dont nous avons l’habitude –encore que ce soit mentalement– de prendre possession des connaissances et des choses9. Devant une telle vérification, il ne nous reste qu’à abandonner et reconnaître notre ignorance, car il ne saurait rien y avoir de plus stupide que d’essayer d’inventer ou d’imposer un ordre quelconque, alors que tout est déjà ordonné. Que prétendre « créer » quelque chose, alors que le merveilleux est de constater que tout est déjà créé. Et moi avec.

    La contemplation est passive et, comme toute énergie de la terre, doit être travaillée et préparée pour que les énergies actives du ciel puissent la féconder. Nous devons promouvoir le yin pour obtenir, par attraction gravitationnelle, la descente du yang et que se produise la copulation entre les deux, pour ainsi transcender le yang lui-même, et en faire l’ascension évolutive jusqu’à la connaissance de l’unité, dans un autre plan, bien sûr, où l’opposition n’existe plus et que, « ignorant son nom, j’appelle Tao ». Nous ne devons donc pas nous étonner de travailler avec et sur le reflet appelé microcosme, utilisant les lois analogues de l’inversion qui, si elles sont bien employées, produisent la rupture de niveau. De même, et revenant à notre modèle plan de la roue, nous pourrions y faire une double transposition. D’un côté, nous pourrions prendre l’axe immobile comme le ciel, un point quelconque de la périphérie comme la terre, et le rayon qui les connecte comme l’intermédiaire, grâce auquel ils s’unissent, générant le plan ou l’artefact dont il s’agit. D’un autre côté, l’on pourrait de même considérer le point intérieur, l’extérieur, et la série qui les unit, comme correspondant à Âtmâ, Jivâtmâ et le rayon Buddhi, de la tradition hindoue, avec tout ce que ces transpositions peuvent comprendre d’implicite. Nous devons bien préciser, de plus, que le ciel auquel nous nous référons forme part du cosmos manifesté, tout comme Brahmâ n’est pas Âtmâ –sauf dans la mesure où ce dernier est Prajapati– et encore moins Brahma inconditionné ou Para-Brahma, quoiqu’ils soient parfois identifiés l’un à l’autre par analogie. Ces assertions nous obligent à la réflexion sur la notion de plans distincts –ou de hiérarchies au sein d’un même plan– qu’elles impliquent et expriment. Mais nous devons tout d’abord dire quelques mots sur le fait que, en réalité, n’importe quel point manifesté est le centre d’un système. Autrement dit, que ce centre ne se trouve nulle part, puisqu’il est partout. Effectivement, s’il en est ainsi, et que ce centre s’identifie par ailleurs avec le « ciel », celui-ci se trouve donc également sur terre. Et la terre elle-même doit avoir deux pôles, ou deux tendances, ou énergies, appelées sattwa et tamas, l’une active et l’autre passive, assimilables au ciel et à la terre, et qui en forment une troisième en simultanéité : rajas. Elles émanent toutes de l’unité, dont elles sont coparticipantes et qui, en s’exprimant, crée le cadre où elles se manifestent, au moyen duquel elles peuvent être appréhendées. Ce processus archétypal imposera également sa structure aux choses qui constituent la totalité du cosmos. Il devient alors logique de penser que ce même cosmos peut avoir implicitement plusieurs plans, ou mondes, constamment connectés aux principes ontologiques, car ce sont ces derniers qui les constituent vraiment. Dans le cas du corps de l’homme, l’on obtiendrait la division ternaire correspondant à extrémités, tronc et tête, qui seraient le symbole visible de trois mondes internes et seraient donc assimilées au corps (ou terre), à l’âme (psyché, monde intermédiaire et homme) et l’esprit (ou ciel). La plupart des traditions prennent en considération ces trois degrés ou niveaux, qui ne sont pas valables seulement pour l’homme, mais aussi pour la totalité de l’univers10. Le niveau intermédiaire est généralement divisé entre ce qui est au-dessus des eaux et ce qui est en dessous, les eaux supérieures et inférieures11, la psyché supérieure et l’inférieure. Et ces degrés ou mondes sont visualisés selon une hiérarchie ou placés successivement le long d’un chemin12. Il s’agit, nous l’avons dit à de nombreuses reprises, de divers états de la conscience, puisque chaque symbole produit toujours une impression psychologique qui valide, ou plutôt oblige, les transpositions sur ce plan. Ce sont des états liés à la transformation de la pensée, et aussi des perceptions, qui s’effectuent dans cette voie ou ce parcours, ce qui altère logiquement le schéma de notre vie. Il faut observer que cette hiérarchisation successive est fondamentalement une didactique, puisqu’elle s’exprime dans la vie même de manière simultanée, comme un tout organique, comme chez l’homme ou dans l’œuf gigantesque qui produit l’univers. Cette division hiérarchique est aussi valable que celle du quaternaire, qui limite l’espace, le temps et le recyclage des états de la matière, et finit par définir le cosmos comme quelque chose de clair et cohérent dans ses différentes parties. La notion de plans ou de lectures de la réalité n’est pas arbitraire, sinon qu’elle correspond effectivement à la nature de l’objet de la symbolisation et transcription, suivant les enseignements reçus et expérimentés par tous ceux qui ont réalisé l’identification entre l’être et la connaissance.

    À ce sujet, et présentant des excuses pour les nombreuses réitérations qui auraient peut-être pu être évitées dans ces textes, nous voulons de nouveau faire référence au temps, à présent comme exemple de la « hiérarchisation » en plans ou lectures de la réalité dont nous parlons. Il s’agit de sa division qualitative, en profondeur, selon les niveaux de compréhension auxquels il est perçu et qui correspondent alors à des catégories intrinsèques du temps lui-même. Nous pourrions ainsi distinguer une conception linéaire et en fugue du temps –qu’elle soit individuelle ou collective– qui est propre à la littéralité de l’homme contemporain ; une conception cyclique, qui est celle que vivait un habitant moyen d’une civilisation traditionnelle (et que peut certes récupérer pour lui-même n’importe quel enfant de ce siècle)13 et une conception atemporelle –un temps atemporel–, ce qui établit une contradiction, ou pour le moins un paradoxe, en regard du temps horaire des horloges. Il faudrait ajouter un quatrième concept à ces trois premiers –si nous prenons quatre plans en considération au lieu de trois, comme nous l’avons observé au sujet du diagramme séphirotique de la kabbale–, et cette quatrième notion serait de faire l’expérience du non-temps, de la simultanéité, de l’unité, de l’éternité ou de la réalité sans aucun mélange ou adhésion anecdotiques et existentiels. Car l’on sait qu’en transcendant le temps successif il n’y a ni passé ni futur, et donc toute histoire est abolie. Cette mention de temps conceptuels différents, qui se produisent simultanément, a pour objet de nous placer dans la « tridimension » de notre boîte ou espace mental, que nous pourrions également appeler champ de la conscience14. À cet aspect, nous possédons un potentiel que nous ignorons, mais que nous pressentons, donné précisément par la possibilité que nous offrent ces plans de pouvoir élargir le champ de nos expériences : dans ce cas précis, d’atteindre, au moyen d’une pénétration et d’une rupture de niveau, une compréhension non seulement linéaire et successive d’un temps horaire ou quantitatif, toujours angoissant, mais aussi « l’expérience » d’autres modalités de ce temps. Cette notion de plans ou de mondes coexistants est par ailleurs à la base de tout symbolisme et fait du symbole le vecteur qui les connecte entre eux.

    Il faut encore préciser que ce serait une erreur vaine de supposer, par orgueil mental omnipotent, que la lecture d’autres réalités –et l’adaptation conséquente–, supprimerait d’un seul coup et pour toujours les plans ou espaces de conscience inférieurs, puisque ceux-ci sont également part constituante du cosmos et il serait impossible de les abandonner définitivement si ce n’est en abandonnant également ce dernier. L’initiation aux mystères cosmogoniques, c’est-à-dire de mourir puis renaître à d’autres plans de la réalité au moyen de la régénération psychique, n’est pas encore la véritable sortie du cosmos, sinon qu’il s’agit d’un apprentissage indispensable de sa constitution, de « l’esprit » des choses et de leur appréhension. Un échafaudage qui nous permet de concevoir la possibilité du supra-cosmique, du non être et de la non-dualité, réalités qui dépassent la simple individualité dont sont marquées et particularisées nos expériences sensorielles ou mentales. Il est néanmoins utile de signaler que –en toute logique– lorsque l’on commence à apercevoir la possibilité du supra-individuel tout ce qui concerne l’individuel s’écroule aussi bruyamment qu’une tour frappée par la foudre et qui cesse donc d’être la protagoniste du paysage.

    Cette vision en profondeur –si l’on peut l’appeler ainsi– correspond, comme nous l’avons déjà vu, au schéma intérieur de l’homme, qui trouve en lui cette variété en série de plans ou de mondes, qu’il lui faut commencer à connaître puisqu’ils forment part de son propre champ de conscience, c’est-à-dire de sa vie. D’un autre côté, les possibilités de cette connaissance et les caractéristiques véritablement humaines que tout homme porte en lui sont rendues effectives par le biais du symbole, encore qu’il ne les reconnaisse pas à moins qu’elles soient stimulées par le feu de l’amour et convenablement ordonnées par la tradition. C’est là le genre d’instruction qui offre un véritable enseignement et une initiation aux petits mystères, dont la première partie pourrait être assimilée à un voyage infra-cosmique ou à un séjour à l’intérieur de la terre, une visite au monde des morts ou une descente aux enfers du chaos.

    Il apparaît comme évident que cette involution à laquelle nous nous référons –tout comme l’évolution suivante qui complète le processus de palingénésie– est symboliquement et intimement liée à la gravitation. Si nous rappelons en outre que la terre est passive par rapport au ciel, c’est-à-dire qu’elle octroie la forme aux effluves divins, ce qui revient à l’assimiler à la grande génératrice, ou déesse mère –ainsi qu’à toutes les vierges– nous pourrons en déduire que pour toute naissance –quel qu’en soit le genre– la présence passive, formatrice et générative de la terre est indispensable, soit l’énergie gravitationnelle placée au sud dans l’espace, c’est-à-dire au point le plus bas et le plus dense, à l’opposé du haut et subtil15. En termes de bouddhisme mahayana : sans le samsara le nirvana est impossible, c’est-à-dire que la connaissance réelle du samsara est ce qui nous conduit à la véritable connaissance du nirvana qui, lorsqu’il est atteint –et seulement à ce moment– nous dit que samsara et nirvana étaient et sont une seule et même chose, que la différence n’est qu’une façon de parler, un simple phénomène de l’esprit, apparenté à l’illusion et l’ignorance. Nous croyons d’autre part que ces mots de l’évangile doivent être lus à cette lumière : « Si vous ne croyez pas quand je parle des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes? »16 car l’on peut y voir que tout enseignement commence par un apprentissage au sujet de la cosmogonie qui permettra par la suite de passer à la métaphysique. Il en est ainsi, du moins pour cette époque du cycle, là où l’occident possède précisément une importante force gravitationnelle dont le Christ est l’avatar. Mais il faut tout particulièrement attirer l’attention sur une possible confusion d’interprétation littérale, qui montre qu’un travail de réalisation interne devrait débuter par le « corps » (régimes alimentaires, sexuels, exercices corporels, respiratoires, etc.) ou par des succès profanes, personnels (estime, respect personnel, réussite professionnelle, ascension culturelle et sociale, dépassement et maîtrise du caractère, pouvoir sur autrui, etc.), d’autosuffisance ou de soi-disant valeur ; erreur commise peut-être à cause de l’idée qu’il faut aller du particulier à l’universel, alors qu’en fait les sciences traditionnelles nous disent le contraire : toutes les possibilités se déduisent des principes.

    En vérité, nous pourrions développer sans cesse ces notions, les envisageant sous de multiples angles et les mettant en rapport entre elles, et aussi avec d’autres, qui nous éclairciraient certains aspects du monde, dont nous avons l’intuition et qui cependant nous demeurent voilés. Ces rapports, qui ne sont ni arbitraires ni casuels, sont les bases ou les fondements du travail analogique et symbolique. Et aussi de l’œuvre alchimique et kabbalistique. Le résultat obtenu à la suite de ces investigations est difficilement évaluable en termes de quantité et traduisible en modèles actuels –dérivés d’idées philosophiques erronées, qui circulent en occident depuis plusieurs siècles et ont fini par accoucher de la mécanique industrielle, de la technique électronique et atomique, de la consommation–, qui n’ont rien à voir avec la science authentique, ni dans leurs principes, ni dans leurs buts et méthodes. Dans une autre perspective, un chapitre intitulé, de façon quelque peu ampoulée, « Les deux moitiés du modèle cosmique », doit obligatoirement traiter du binaire. La dualité, comme cela a été exprimé tout au long de ces écrits, est le moteur dialectique qui impulse n’importe quel acte ou pensée, raison pour laquelle aucun discours ne saurait jamais épuiser le sujet. Il ne nous reste qu’à ajouter que ce texte, en général, a pris en compte uniquement la partition horizontale de notre modèle de la roue, effectuée par la ligne d’horizon ou le plan équatorial, qui le divise en deux sections égales : l’une en haut et au nord, l’autre en bas et au sud. Le modèle peut également être divisé en deux autres moitiés, situées des deux côtés de l’axe vertical : l’une à droite et à l’orient, l’autre à gauche et à l’occident. Ce nouveau binaire, qui est bien évidemment en correspondance avec les bras horizontaux de la croix qui embrasse tout, différencie clairement les deux moitiés analogues et complémentaires du cosmos, appelées droite et gauche, perceptibles en toutes choses et grâces auxquelles ces choses sont perceptibles. Cette particularité est ce que l’on a appelé la symétrie, et ses lois spéculaires et sympathiques, et constitue en soi tout un sujet qui dépasse notre propos actuel. La gauche et la droite se complètent, sont des formes apparentées et analogues. Mais elles ne se symbolisent pas mutuellement, sinon qu’elles sont toutes deux des symboles de la réalité verticale qui est leur origine et que chacune d’elles représente. La véritable valeur des symboles ne réside pas non plus dans leurs effets transmetteurs, qui sont secondaires, mais dans la (ou les ) cause(s) de leur propre existence. C’est-à-dire dans ce qu’ils symbolisent en essence et qui justifie par ailleurs leur intermédiation. Et cette cause (ou causes) bien vécue et bien comprise est toujours résolue en son unité, qui n’est rien d’autre que l’affirmation ou la manifestation de ses possibilités non causales, si l’on peut s’exprimer ainsi. Il nous reste à dire que ce que nous avons exposé au sujet de l’opposition ciel-terre, nord-sud, est aussi valable pour celle de droite-gauche, orient-occident, vu que cette partition horizontale est un reflet de la première. Ainsi, si nous transcrivons certains des concepts exposés jusqu’à présent, par rapport à la complémentarité que nous sommes en train de signaler, nous obtiendrons des résultats profitables à nos études, mais en gardant toujours présentes les modalités spéciales de cette opposition ou inversion17. Finalement, puisque nous faisons référence à nos travaux et études, nous désirons de nouveau remémorer un autre enseignement chrétien : celui qui signale que les fruits de la connaissance ne pourront être obtenus que par ceux « qui persévèrent jusqu’à la fin ».

    Nota : Nous avions à peine mis le point final au chapitre présent, lorsque nous avons lu un article intitulé « Neuf hypothèses sur la genèse de l’univers », écrit par le physicien et mathématicien russe Igor Novikov et d’autres.

    Il y est dit : a) que l’univers est en expansion ; b) que cette expansion est comparable à une immense explosion cosmique (irradiation) et que cette explosion arrive par inertie ; c) que l’univers est homogène ; d) que cette homogénéité permet « l’hétérogénéité » (concentrations, raréfactions) et que c’est elle qui a rendu possible, précisément, la naissance de notre univers complexe ; e) que ces « hétérogénéités » sont des ondes sonores (de son résiduel, qui est égal et continu dans tout l’univers)18. Nous voulons transcrire textuellement la fin de l’article :

    « Nous avons l’habitude de considérer la gravitation et les forces électromagnétiques comme s’il s’agissait de forces de natures différentes. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? Il est bien possible que la grande explosion ait été un processus de division d’un unique superchamp, dans lequel tous les types d’interaction étaient unifiés ». Selon ce qui est dit dans cet article, ce sont là les dernières nouveautés qu’affronte la science19. Le fait qu’il soit précisé que ces investigations ont débuté il y a moins de cinquante ans constitue un commentaire plaisant. Notre attention ne laisse cependant pas d’être attirée par ce que nous avons déjà observé auparavant : nous nous référons aux découvertes et approximations sûrement intuitives que le meilleur de la science et les scientifiques modernes obtiennent au cours de leurs recherches20. De toute manière, le but de l’insertion de cette note n’est pas précisément de « légitimer » une « théorie » en lui octroyant un statut scientifique, sinon plutôt de démontrer de quelle façon, et d’un point de vue qui n’est pas celui exposé ici, l’on peut également entrevoir la connaissance. Car elle se trouve dans la trame même de l’homme qui, dans son hétérogénéité, est solidaire et homogène avec le cosmos.

    Annexe : Nous voulons faire observer l’analogie entre le son résiduel, qui se propage uniformément dans l’univers, et la façon dont le fait la lumière –traditionnellement une autre forme de son–, selon la science la plus moderne. En effet, dans la théorie de la relativité de l’actuelle physique mathématique, le rôle de l’observateur est décisif. Car la théorie de la relativité est construite à partir d’un axiome unique, qui établit que, pour tout observateur, la vitesse de la lumière de n’importe quelle origine, qu’elle bouge ou non, par rapport à l’observateur, est toujours la même. Cela étant, cet observateur, recevant en tout point ou direction de l’espace une émission quantitative de lumière identique –que n’altère aucune circonstance–, est la « cause » de la vitesse de la lumière qu’il reçoit. Et nous savons déjà que ce qui vaut pour le microcosme doit également être valable pour le macrocosme, en exceptant, de nouveau, des problèmes inhérents à toute transposition. Ce qui est très clair, c’est que dans un univers divisé –dans ce cas entre l’émetteur et le récepteur– mais unique en essence, quelque chose de ce qui est reçu sera contenu implicitement dans ce qui est émis, et vice versa. Et cette correspondance et analogie est ce qui détermine même la structure et la forme du créé, à savoir de la manifestation et des symboles à travers lesquels elle s’exprime. De même, il est intéressant de souligner que, dans les exemples que nous abordons au sujet du son et de la lumière, le « centre » d’où l’énergie prend son expansion ne peut être localisée en aucun endroit spécifique, ce qui revient à dire qu’il n’a pas de « réalité » spatiale. Car cet espace étant homogène –ou un « bouillon de culture » qui permet les conditions hétérogènes de la manifestation–, n’importe lequel de ses points pourrait bien en être le centre.

 

NOTES 
1
Cette énergie serait-elle, à son niveau, l’expression de ce que les grecs entendaient par pneuma ?
2
Comme dans les nombreuses « roues » disséminées dans l'art de toutes les civilisations.
3
Au sens que nous donnons à ce terme, et qu'il a toujours eu, connu sous le nom de nous dans la philosophie grecque, totalement étranger aux conjectures rationalistes et, au contraire, employé ici comme synonyme d'intuition directe, dans laquelle se conjuguent aussi bien l'intelligence, appelée de nos jours créatrice, que l'expérience et l'émotion.
4
Si nous transférons cette figure de la représentation plane à la volumétrique, nous obtiendrons une croix tridimensionnelle ou solide. C'est-à-dire un système complet, un ensemble de coordonnées qui, comme le cube, constitue un modèle du cosmos.
5
Qui représente à son tour cette dualité supérieure-inférieure dans son corps, le centre étant le nombril, ou le cour ­dans un sens plus élevé­, organes intimement associés à la génération et à l'expansion.
6
En remarquant par ailleurs que les grandes religions offrent non seulement la transmission spirituelle nécessaire, sinon aussi la norme et le rituel exotérique, comme véhicules de la réalisation.
7
La trinité des principes temporels connue comme passé, présent et futur, se manifeste dans le cycle quaternaire des saisons de l'année.
8
Nous avons déjà signalé que le ciel est représenté par un cercle, tandis que la terre l'est par un carré. Une autre symbolisation substitue le cercle par un triangle, le synthétisant. Dans le symbole du temple, la coupole, qui couronne un édifice à la base carrée, est supplantée par un prisme triangulaire. Tel est le cas de la pyramide. Remarquons que la triade a toujours été considérée comme plus élevée ou supérieure au quadrangle.
9
La croix se subdivise une autre fois symétriquement sur le plan horizontal, s'opposant de nouveau deux à deux et formant l'octogone qui symbolise le polygone du plus grand nombre de côtés, c'est-à-dire indéfinis, et qui, additionné à son centre, constitue numériquement la circonférence et le cycle complet. L'on peut le voir clairement représenté dans le diagramme chinois appelé Fou-Shin, dans lequel les huit trigrammes fondamentaux se subdivisent en huit autres, générant les soixante-quatre hexagrammes du Yijing ou livre des mutations.
10 Il y aurait donc un corps, une âme et un esprit universels.
11
Dans ce cas, le niveau le plus bas correspondrait aux eaux « abyssales » ou « chaos ».
12
Dans la symbolique constructive, le temple a trois niveaux de division verticale : le souterrain où se trouve la crypte ou le puits, la surface et la voûte ou coupole, assimilables aux trois plans que nous avons vus sous diverses formes dans cette étude.
13
Il est difficile, dans nos conceptions actuelles, de comprendre la parousie, ou second avènement, qui est cependant présent dans la quasi-totalité des traditions. Cette idée est parfaitement claire et lumineuse à partir de la conception intime, ou l'expérience, d'un temps rotatif, cyclique, circulaire.
14
Le point, la ligne, le plan et le solide symbolisent aussi quatre « dimensions » de la conscience et de la perception spatio-temporelle.
15
Il est naturel que le symbole alchimique de l'élément terre soit un triangle avec la pointe vers le bas. Il est non moins logique que son opposé soit un triangle avec la pointe vers le haut.
16 Saint Jean. III, 12.
17
Ainsi, à la droite correspond ce qui est vertical, haut, actif. À la gauche, ce qui est horizontal, bas et passif. Les nombres impairs sont positifs et les pairs négatifs.
18 Voir annexe à cette note.
19
Ce qui ne laisse pas d'être en rapport avec le fait que les extrêmes se rencontrent (ce qui est évident lorsqu'il s'agit d'un parcours circulaire). Ou, autrement dit, que le point le plus haut de la circonférence et le plus bas se trouvent sur le même axe.
20
C'est également le cas du poète Edgar Allan Poe qui, dans son livre fascinant « Eureka », son testament intellectuel qu'il écrivit peut avant sa mort, nous expose toute une cosmogonie très proche des conceptions traditionnelles, qui ont toujours été considérées comme révélées.
   

 

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